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Runelore selon la Linguistique et les textes anciens

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Runelore selon la Linguistique et les textes anciens Empty Runelore selon la Linguistique et les textes anciens

Message par Lord Aragons Vassago Mer 15 Mai - 13:20

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Introduction






Cette version de la signification des Runes ,bien qu'iconoclaste pour certain est bien plus proches de la Traditions Historique que les autres système d’interprétations.

En effet la ou certains ce sont base sur la tradition Populaire et les Rune Armanes de Guido (Von) List, la présente interprétation ce base quand a elle sur la signification linguistique ainsi que sur les textes anciens y faisant référence.

Le présent ouvrage est une synthèse pratique du travail de Yves Kodratoff, directeur de recherche au CNRS et spécialiste du paganisme nordique
« L'univers des runes décrit par les textes anciens »




Synthèse Générale
 
Le premier ætt : la famille d'Audhumla et les runes primordiales
Les runes de cet ætt décrivent des forces ou des idées bien définies (des ‘concepts')qui, sans être les grandes forces cosmiques créatrices de notre univers, sont fondamentales pour l'humanité.

Fehu :
rune de Freyja, de la richesse, de la douceur féminine. Rune
primordiale de protection.
Uruz :
rune de la force féminine et masculine, de la fertilisation tombant
d'Yggdrasil sur notre monde. Rune primordiale de la guérison rapide et
sans traces.
Thurisaz :
rune des géants, de la brutalité masculine, elle endort le pouvoir
magique féminin. Rune primordiale de la brutalité.
Ansuz :
rune de l'Ase vu comme un Dieu de la parole magique, de
l'épuration mystique. Rune primordiale de la parole.
Raido :
rune de la chevauchée chamanique et de l'oeil perçant du sorcier.
Rune primordiale de la magie chamanique.
Kaunan :
rune de la putréfaction vue comme un feu intérieur et de la
résistance aux attaques par magie. Rune primordiale de la guérison lente et
douloureuse.
Gebo :
rune de la confiance entre partenaires. Rune primordiale de la vie
en couple.
Wunjo :
rune du confort et des plaisirs physiques. Rune primordiale du
bonheur de vivre.


Le deuxième ætt : la famille de Hagala et de la création du cosmos

Le deuxième ætt de huit runes est celui des runes de notre environnement
naturel, et des relations entre les humains et celui des phénomènes
naturels, tels qu'ils étaient vus par les lettrés nordiques avant le
christianisme .

Les trois runes du cosmos
Hagla ou Hagala :
rune de la grêle, du ‘big bang' glacé qui a présidé à la création du cosmos, du froid purificateur.
Naudiz :
rune de l'inexorabilité du destin, de la terreur de l'humain face à la
destinée. Rune de la fin du cosmos,
Isaz :
rune du pont de glace qui relie le monde des vivants à celui des
morts.

Les cinq runes des relations entre notre environnement et l'humanité
Jeran :
rune de Freyr, de la prospérité apportée par la récolte de l'année et du
rapport heureux entre les humains et leur ‘petit' univers. Rune de l'aide aux
magiciens débutants.
Ihwaz ou Iwaz :
rune de l'if et de l'arbre du monde qui maintient notre
univers en place. Elle symbolise la solidité masculine et l'amour conjugal
toujours renaissant, l'esprit sain. L'arbre du monde est en soi une
composante de l'univers et, bien entendu, il symbolise aussi notre
environnement par les végétaux.
Pertho :
rune de la nuit des mères (et donc du solstice d'hiver), des grandes
tempêtes provoquées par la ‘chasse furieuse' (et donc des dérèglements
climatiques), de la femme ouverte à son environnement.
Algiz :
rune de l'élan, de la déraison et de la raison qui courent dans le
cerveau des humains. L'élan symbolise ici notre environnement par les
animaux.
Sowelo :
rune de la soleil et de l'équilibre fragile qui maintient notre
univers en place. Rune de la chaleur féminine.

Le troisème ætt : la famille de Týr et du clan
Le premier ætt est dédié à notre monde, et aux relations entre les humains et ce monde. Le deuxième ætt ‘élargit la perspective' en traitant des problèmes cosmiques, de l'univers entier, et de notre place au sein de l'univers. Le troisième ætt, inversement,‘rétrécit la perspective' en introduisant les concepts nécessaires à la caractérisation d'une bonne conduite sociale, à la vie du groupe social. Ainsi, le troisième ætt est celui des problèmes liés à l'organisation du clan, du groupe social.

Tiwaz :
rune du Dieu Týr, de la fidélité à la parole donnée, de la victoire
intelligente qui réunit le clan. Rune symbole de l'unité d'un groupe humain.
Berkanan :
rune de l'enfance en pleine santé dont la croissance annonce des
jours meilleurs.
Ehwaz :
rune du cheval. Avec Fehu, rune primordiale de protection. Rune
des liens entre le clan et les forces ‘obscures'. Contrairement à une légende
tenace, elle supprime nos cauchemars.
Mannaz :
rune de l'humain et du passage de l'individu au groupe. Elle
définit l'humanité.
Laukaz :
rune de sens discuté, rune de l'eau ou rune du poireau? En touscas, rune de la force interne, de la ‘viridité'. Rune d'un Dieu Thórr
‘primitif', Dieu de l'orage et de la force interne.
Ingwaz :
rune du roi en tant que créateur d'une communauté. Rune de
l'équilibre dans l'abondance. C'est la rune qui explique au clan, s'il doit
croître, comment le faire dans le respect de son environnement humain et
naturel.
Dagaz :
rune du jour et de la reconstitution journalière de la communauté
après l'individualisme du sommeil. Rune qui pétrifie les monstres.
Othala :
rune du lien avec les ancêtres, de nos héritages
 
 
La première famille (ætt) de runes :L'ætt de Audhumla
Ce premier ætt des huit premières runes est, si j'ose dire, logiquement,
celui des runes primordiales. Les runes de cet ætt décrivent des forces ou
des idées bien définies (des ‘concepts') qui, sans être les grandes forces
cosmiques créatrices de notre univers, sont fondamentales pour l'humanité.
Le nom que je donne à cet ætt explique leur rôle. Audhumla a ‘seulement'
léché le premier être hors de la glace, elle ne l'a pas créé. Son rôle n'est pas
celui d'une entité divine créatrice, mais celui de révélateur d'un phénomène
préexistant mais caché.

Fehu : rune de la richesse, de la douceur féminine. Rune primordiale de
protection.
Uruz : rune de la force féminine et masculine, de la fertilisation tombant
d'Yggdrasil sur notre monde. Rune primordiale de la guérison rapide et
sans traces.
Thurisaz : rune des géants, de la brutalité masculine, elle endort le pouvoir
magique féminin. Rune primordiale de la brutalité.
Ansuz : rune de l'Ase vu comme un Dieu de la parole magique, de
l'épuration mystique. Rune primordiale de la parole.
Raido : rune de la chevauchée chamanique et de l'oeil perçant du sorcier.
Rune primordiale de la magie chamanique.
Kaunan : rune de la putréfaction vue comme un feu intérieur et de la
résistance aux attaques par magie. Rune primordiale de la guérison lente et
douloureuse.
Gebo : rune de la confiance entre partenaires. Rune primordiale de la vie en
couple.
Wunjo : rune du confort et des plaisirs physiques. Rune primordiale du
bonheur de vivre.
 
fehu


« Provoque la discorde entre parents.
Le loup se nourrit dans la forêt
Le feu de la mer le délice des hommes
la voie du serpent.
l'énigme de la tombe ouverte du seidhr »
 
Nous associerons donc Fehu à tout ce qui est richesse et symbole de
richesse. Les sens possibles du mot ‘richesse' sont très nombreux.
La rune Fehu, honore le sexe féminin et en exalte la
richesse.
La pratique du seidhr comporte des mystères, Fehu est la clé de ces
mystères, et cette pratique implique le terrible sacrifice de la
moitié de soi-même qu'on aime le plus.
La charité abaisse celui ou celle qui la reçoit, alors que la générosité grandit celui ou celle qui l'exerce.


Fehu est la rune de la richesse, avec ses aspects positifs et négatifs, mais aussi celle de la délicieuse douceur de la femme, une richesse pour le mari
de cette femme, bien sûr, mais encore plus une richesse intérieure à la
femme. la rune primordiale de protection, c'est Fehu, la première rune
La déesse Freyja a donné la clé du seidhr aux Ases, comme le rapporte
l'Edda en prose. Fehu, elle, nous donne la clé des mystères de la magie
nordique.
C'est pourquoi elle est la rune de la vache primale créatrice de notre
univers, Audhumla, et celle de la grande déesse du nord, Freyja, maîtresse
de la magie incarnée dans la pratique du seidhr.

Uruz

« Uruz provient de mauvais fer.
Souvent le renne court [ou glisse] sur le névé
c'est la larme des nuages,
La destruction de la récolte,
La haine des bergers.
J'en connais un deuxième
Dont ont besoin les fils des hommes
Ceux qui désirent une vie de médecin »

Uruz est une rune aux multiples significations. Elle représente l'aurochs,
dont la force, même lorsqu'elle ne s'exerce pas, est suffisamment
impressionnante pour que chacun se sente agressé par elle, si bien qu'on le
ressent comme agressif. Cette espèce de puissance n'est pas réservée aux
hommes et la rune désigne aussi la force féminine, et une sorte
d'agressivité par laquelle hommes et femmes s'imposent aux autres. Cette
attitude a été longtemps considérée comme impropre pour une femme
« vraiment féminine » et elle a été stigmatisée dans les contes populaires,
mais le féminisme moderne l'a réintroduite et même banalisée (quoiqu'elle
soit aussi combattue par le ‘politiquement correct'). Les runes présentent
une féminité plus complexe, où la douceur, symbolisée par le rune Fehu,
est la richesse de la femme – et celle de l'homme accessoirement – alors
que la brutalité est symbolisée par la rune Uruz, et bien entendu partagée
par l'homme. Du côté féminin, elle est donc la rune de la vieillarde, la
vieille sorcière qui guérit sans se montrer particulièrement douce, et qui
montre sans problème la supériorité de ses connaissances. Le couple
Fehu-Uruz parle donc d'une féminité aux multiples aspects qui se
complètent harmonieusement pour nous présenter une femme germanique
fascinante.
Uruz est aussi cette bruine (ou cette boue, ou cet hydromel) sacrés qui
coulent sur l'arbre du monde et fécondent nos vallées. Elle représente donc
aussi une sorte de richesse, mais c'est la richesse de la nature qui nous
permet de vivre et non pas une forme de richesse individuelle comme celle
symbolisée en Fehu.
Enfin, Uruz est certainement une rune des Branches, ces runes qui
permettent de composer des textes, gravés en runes, et capables de guérir.
Elle souligne que le médecin peut être brutal, à condition d'être efficace, et
intelligent.



Thurisaz




« Thurisaz apporte aux femmes torture.
Peu nombreux seront joyeux du mal [ou de la difficulté].
c'est le tourment [ou torture] des femmes,
L'habitant des falaises,
Le mari de Varthrún.
est violemment aiguë aux hommes-liges,
[la] saisir[apporte] le mal,
Excessivement intraitable aux humains qui prennent repos avec elle.
J'en sais un troisième :
Si, je dois, de grande nécessité,
Enchaîner les fils de la querelle.
Je rends émoussé les tranchants de mes adversaires
Leur arme ni leur ruse ne peut mordre. »

les Thurses sont ceux qui ont la capacité de handicaper les femmes
Il s'est produit un glissement des Thurses vers le Dieu Thórr si bien que le
mot ‘thurs' est devenu ‘thor' de façon absolument arbitraire et de façon
assez récente. Ce mouvement a été amplifié par les runes armanes de
Guido List qui appelle ‘thorr' sa troisième rune.
Thurisaz, rune des Thurses, des géants du givre, des hommes sauvages, de
la force primitive et brutale masculine, devient la rune de la protection au
tranchant des armes pour un guerrier médiéval qui désire s'identifier aux
êtres les plus brutaux. Si vous désirez utiliser cette rune (ou bien si vous la
‘tirez' lors d'une séance de divination), ne croyez jamais que cette
utilisation ou cette rencontre soient anodins. En tous cas, elle ne vous
apportera jamais protection, sauf si vous êtes déjà une sorte de monstre
masculin. En aucun cas, elle ne peut protéger une femme.
Elle permet de nuire aux femmes (et aux aspects féminins des hommes) en
endormant leurs pouvoirs magiques, comme les pouvoirs de Sigrdrífa et de
la Belle au Bois Dormant sont endormis par la piqûre d'une épine. Cette
perte de pouvoir magique est décrite de façon répétitive dans les poèmes
runiques islandais comme une torture, et non pas comme un calme
sommeil de repos.
Elle exalte la force de la masculinité, la force brutale, quel que soit le sexe
de la personne concernée et, inversement, elle lèse les côtés féminins de
chacun.


Ansuz



« C'est le vieux créateur,
Le roi d'Ásgardhr,
Le seigneur du Valhöll
Embouchure est la voie de presque tous les voyages
C'est le dernier voyage du guerrier valeureux
Mais son épée ne restera pas inactive dans la mort
est la source de toute parole,
Le soutien de la sagesse et le confort du sage,
La joie et le délice de tout noble.
J'en connais un quatrième :
si à moi les troupes portent [si des soldats me mettent]
les liens sur les membres arqués[des liens sur mes membres tordus]
alors je hurle [ou je croasse]
de sorte que je puisse m'en aller,
giclent de moi hors des pieds les chaînes,[les chaînes sautent de mes pieds] »

Ansuz est la rune de l'Ase, Ódhinn . Cette rune caractérise les nouveaux Dieux, les Ases, dans une sorte d'opposition à Thurisaz, qui représente la force primitive brutale des géants, Uruz qui représente la force plus subtile des géantes, et Fehu qui représente le pouvoir tout en douceur des Vanes.
Ansuz nous présente des traits peu classiques d'Ódhinn et des Ases, leur
pouvoir poétique dans la vie, la magie et la mort, leur attachement
fondamental à la liberté et leur pouvoir d'accorder cette liberté, leur
capacités de liberté intérieure, en particulier cette purification que constitue un détachement de son propre petit moi.
Ansuz évoque Ódhinn et les Ases en tant que Dieux de la poésie, de la
parole, de la libération, elle présente Ódhinn comme un apôtre pacifique,
et en néglige tous les aspects agressifs










Raido





« C'est la joie de celui qui est assis
Et un voyage rapide
Et la fatigue du cheval
ils sont d'accord est le pire pour les chevaux.
Reginn a forgé la meilleure des épées.
Chevauchée (ou voyage) dans le palais,
pour tous les guerriers,
(les)amollit,
et très dynamique pour celui qui est assis sur un cheval
fortement solide,
au long des lieues
J'en sais un cinquième :
Si je vois une flèche voler vers nous,
Si forte soit-elle je l'arrête
Si de mes yeux je l'ai vue. »

Il semble que la chevauchée dont parlent ces poèmes n'est
pas celle qu'on fait dans le monde de la réalité ordinaire, mais celle
qu'Ódhinn fait sur Sleipnir, que beaucoup de chaman(e)s sibérien(ne)s font
aussi sur un cheval, c'est le voyage chamanique
Sous leur apparence infantile, les
poèmes runiques nous expliquent que Raido est la rune de la chevauchée
chamanique, celle qui permet le voyage (hors du corps) qui caractérise les
magiciens. Ce voyage épuise la masculinité si bien que certaines
civilisations, en particulier la civilisation nordique antique, le considèrent
comme humiliant pour un karlmaðr. Raido aide hommes et femmes à
préserver leur masculinité au cours de leurs voyages magiques. De façon
un peu amusante, le vent social a complètement tourné, et il serait
peut-être, de nos jours, encore plus humiliant pour une femme que pour un
homme de perdre sa masculinité ! De toute façon, Raido les aidera à sortir
dynamisés de leur travail magique, et non pas épuisés comme cela semble
avoir été la règle avant que cette rune ne soit découverte.
La cinquième strophe du Dit de Hár rappelle l'importance
du regard du sorcier sur le monde.
Bien entendu, cet aspect d'Ódhinn, appelé ici Hár pour bien souligner qu'il
n'épuise pas la personnalité d'Ódhinn, ne décrit que l'aspect guerrier du
pouvoir de l'oeil sorcier, mais ce pouvoir s'exerce dans tous les aspects de
la vie. C'est l'oeil qui comprend, qui analyse et synthétise simultanément,
qui sympathise à ce qu'il voit et qui permet de vivre une vie d'échanges
entre humains et non pas une vie de solitaire au milieu d'une foule. Et c'est
déjà une bien grande magie qu'aucun raisonnement rationnel ne semble réussir à enseigner. Pour ceux qui désirent se lancer plus profondément
dans la pratique de la magie, Raido, après les avoir aidés à trouver leurs
chevaux, les aidera à ouvrir les yeux sur la face irrationnelle des choses,
néanmoins sans perdre raison.

Kaunan





« C'est le malheur de l'enfant.
La mort fait pâlir le cadavre
est fatal aux enfants,
Un endroit douloureux,
La demeure des putréfactions.
est pour chaque être vivant évidemment le feu,
brillante, lumineuse; éclairante,
le plus souvent elle brûle dans la demeure
où les princes se reposent
J'en sais un sixième
Quand l'homme libre me blesse
Avec les racines d'une jeune plante
Et du bout de ceci
Il me chante une guerre à mort,
Lui, le mal le consume plutôt que moi. »

Kaunan, la rune de la putréfaction, mais aussi de notre feu intérieur,
symbolise la complexité et la force de la vie, toujours en équilibre entre vie
et mort. De façon presque comique, le dit de Hár inverse ce point de vue. Il
nous montre comment ce rôle peut être retourné et la vie la plus vivace qui
soit, celle du sorcier en train de prononcer son galdr, peut être, par la
puissance de Kaunan, soufflée comme une bougie par les forces de
pourrissement que le sorcier a développées lui-même. L'image naturelle
que j'associe à ce phénomène est celle d'un champignon que vous ne
connaissez pas peut-être : il s'appelle vesse-de-loup géante, ce
champignon qu'on voit grandir à vue d'oeil pendant un orage (il devient
gros comme une tête d'homme et est délicieux à manger), mais qui va
pourrir en quelques heures, comme si son excès de vitalité comportait cette
faiblesse interne que le dit de Hár fait remarquer. Le sorcier en train de
jeter un sort est comme ce champignon, gonflé d'une vitalité incroyable,
mais cette vitalité, en elle-même, contient les germes d'une mort rapide.
La rune Uruz est le symbole de la médecine ‘triomphante' qui soigne et
vainc la maladie. La rune Kaunan est le symbole de la médecine humble
qui soigne en acceptant la survie simultanée du malade et de la maladie.
Sans doute à cause des allusions répétées aux enfants des poèmes runiques
nordiques, et plutôt que Uruz, je vois en Kaunan le signe caractéristique de
la ‘femme-médecine' (la chamane) germanique, comme le caducée est le
signe caractéristique des médecins latins.

Gebo




« générosité est, pour les héros,
un ornement et un support pour la guerre et propage leur grâce,
mais c'est le soutien pour celui sans autre [= pour le solitaire].
:J'en sais un dix-huitième
Que je ne ferai jamais connaître
Ni à une jeune fille ni à la femme d'un homme,
Tout est bien mieux
Qu'un seul sache cela;
C'est le dernier des chants,
Excepté à celle seule
Dont je suis l'homme qu'elle prend dans ses bras
Et aussi qui est ma soeur. [ou: Ou bien celle qui est ma soeur.] »


Le dit de Hár spécifie que c'est seulement à sa femme, si elle est son âme
soeur, qu'un homme dira « Gebo ». C'est le point de vue d'Ódhinn,
débordant de masculinité, mais il est bien évident qu'une application
symétrique de Gebo existe pour les femmes. Il est absolument certain que
les femmes utilisaient les runes et même les enseignaient à leurs
partenaires masculins. C'est donc seulement à son mari, s'il est son âme
frère, qu'une femme dira « Gebo ».
Gebo est donc la rune de la générosité, du don, du partage, de l'amitié et
des relations équilibrées entre deux humains. Vous ne l'utilisez qu'avec
ceux qui sont vraiment très proches de votre coeur.
Wunjo


« Wunjo ne cesse de celui qui connaît peu malheur, douleur physique,
et chagrin.
Il obtient succès et bonheur et assez de forteresses
J'en connais un dix-septième
La jeune femme libre
Se privera difficilement de moi.
Ces chants
Garde-les en mémoire, Loddfáfnir,
Ils ont manqué longtemps
Bien qu'ils soient bons,
Si tu les utilises à voir l'avenir,
Si tu les acquiers,
La nécessité si tu l'acceptes. »

Wunjo est la rune du confort et des plaisirs physiques, de la vie heureuse et
tranquille. Le poème runique vieil-anglais insiste sur la sérénité et le Dit de
Hár sur le plaisir sexuel associés à cette rune. C'est pourquoi je pense qu'on peut sans hésiter l'associer aux concepts de plaisir physique et de confort qu'apporte bonne santé morale et physique. Les aspects mystiques du bonheur ne sont pas associés à cette rune.
Elle apporte à la chamane et au chaman la solution à une des énigmes de la
vie chamanique : comment est-il possible de vivre sans désespoir cette
familiarité incessante avec la mort qu'exige le rôle principal des chamans
qui est de rejoindre les âmes des morts et de les emmener – de gré ou de
force – vers leur prochain séjour ? C'est le miracle de la vie que chaque
respiration soit une délectation et que chaque respiration soit un pas de
plus vers la mort. Mais il est certainement contradictoire que d'apprécier
pleinement les délices de la vie physique sans restriction ni réserve soit la
condition à laquelle la mort puisse être pleinement acceptée : le rôle de
Wunjo est de nous aider à surmonter cette contradiction. En opposition au
mysticisme classique des religions révélées, mysticisme qui tend à
« séparer l'âme et le corps », à « mépriser les honteux plaisirs de la chair »,
« à élever son âme vers les hauteurs divines », Wunjo nous offre une
image d'une sainteté bonhomme et humble, plus proche de celle de la
chamane Kamchadale que de celle du moine chrétien.
Nous venons de voir la huitième rune de l'ancien Futhark germanique,
c'est-à-dire la dernière de ce qu'on appelle souvent le premier ætt
(‘famille') de runes. Les poèmes de l'Eddas parlent de chants et non d'ætt
mais il est en effet logique de considérer, comme la plupart des utilisateurs
des runes, qu'elles se divisent en trois ensembles de huit, chacun
constituant un ætt. On a l'habitude de donner à chaque ætt un nom associé
à la première rune de l'ætt, si bien que le deuxième ætt est celui de la grêle
(rune Hagla), le troisième celui du dieu Týr (rune Tiwaz). J'ai souvent vu
ce premier ætt appelé par le nom du dieu Freyr, dieu de la fertilité
masculine, alors que les textes semblent associer la première rune, Fehu,
plutôt à la douceur féminine, et donc à sa soeur Freyja. Je propose ainsi
d'appeler le premier ætt par le nom de Freyja plutôt que par celui de Freyr,
ou alors de suivre la tradition islandaise et de l'appeler l'ætt de Fehu.
La deuxième famille (ætt) de runes :L'ætt de Hagala

Le deuxième ætt de huit runes est celui des runes de notre environnement
naturel, et des relations entre les humains et celui des phénomènes
naturels, tels qu'ils étaient vus par les lettrés nordiques avant le
christianisme.
Il se compose des huit runes suivantes :
Les trois runes du cosmos
Hagala ou Hagla est la rune de la grêle, du ‘big bang' glacé qui a présidé à
la création du cosmos, du froid purificateur.
Naudiz : rune de l'inexorabilité du destin, de la terreur de l'humain face à
la destinée. Rune de la fin du cosmos, encore plus glacée que sa création,
le ragnarök.
Isaz : rune du pont de glace qui relie le monde des vivants à celui des
morts.
Les cinq runes des relations entre notre environnement et l'humanité
Jeran : rune de Freyr, de la prospérité apportée par la récolte de l'année et
du rapport heureux entre les humains et leur ‘petit' univers. Rune de l'aide
aux magiciens débutants.
Ihwaz ou Iwaz : rune de l'if et de l'arbre du monde qui maintient notre
univers en place. Elle symbolise la solidité masculine et l'amour conjugal
toujours renaissant, l'esprit sain. L'arbre du monde est en soi une
composante de l'univers et, bien entendu, il symbolise aussi notre
environnement par les végétaux.
Pertho : rune de la nuit des mères (et donc du solstice d'hiver), des grandes
tempêtes provoquées par la ‘chasse furieuse' (et donc des dérèglements climatiques), de la femme ouverte à son environnement.
Algiz : rune de l'élan, de la déraison et de la raison qui courent dans le
cerveau des humains. L'élan symbolise ici notre environnement par les
animaux.
Sowelo est la rune de la soleil et de l'équilibre fragile qui maintient notre
univers en place. Rune de la chaleur féminine.

Hagla (ou Hagala)



«C'est un grain froid,
L'averse de verglas,
Et la maladie des serpents.
Grêle roi guerrier
C' est le plus froid des grains.
C'est la plus blanche des graines;
elle tourbillonne depuis les hauteurs du ciel,
elle tourne un jet de vent; ensuite elle devient de l'eau.
Comme des oiseaux blancs,
Volent les pierres
au début des temps, il y avait
un tourbillon de grêle glacée
une terrible chaleur le heurta
le fondit, lui donna vitesse et mouvement
rapide et bousculé
il prit vie.
:J'en sais un septième :
Si je vois le hall
En flammes autour de mes compagnons de banc,
Elles ne sont pas si fortes
Que je ne puisse m'en préserver
Quand je chante-hurle ce galdr. »

Hagla est la rune de la grêle, de la pureté, du froid, de la blancheur, de la
maîtrise du feu. Elle est aussi la rune d'une création du cosmos opérée dans
une ‘grande explosion' glacée. Elle est exactement ce qui permet de s'opposer aux forces du feu.
Dans son inflexion Hagla, cette rune ‘brise les casques', elle est agressive,
et dans son inflexion Hagala, elle permet de se défendre du feu, elle
devient défensive – une rune de protection comme Fehu, mais une rune de
protection par la force alors que Fehu protège par la douceur..
Cependant, il est remarquable que le cosmos soit créé par
une explosion glacée et que notre monde, sans doute déjà créé
implicitement lors de ce big bang de glace, existe emprisonné dans la glace logiquement issue, en effet, de ce big bang – mais ne se manifeste
qu'après que Audhumla l'ait faite fondre en la léchant. Mais qu'Audhumla
venait donc faire en notre galère est une question pertinente, mais cette
question se pose évidemment pour toutes les déités créatrices de l'univers
ou du monde. Au moins, Audhumla est une sorte de déité plus modeste
que celles règnant actuellement, elle se contente de révéler le monde à son
existence, elle ne le crée pas. Associée à Fehu, elle est l'image d'une
douceur féminine, venue on ne sait d'où, qui aurait donné naissance à notre
univers, sans le créer, tout comme une femme nourrit puis donne naissance
à son enfant sans qu'elle en soit la créatrice.
Nous observons donc que la mythologie nordique nous propose une vision
imagée mais cohérente de la création du cosmos et de la création de notre
univers. De plus, cette création fait appel à des forces naturelles et non à un dieu créateur tout puissant. En dehors tout contexte religieux personnel,
j'avoue trouver ces mythes infiniment plus sympathiques, et plus crédibles,
que les mythes des grandes religions révélées.


Naudiz


« Naudiz ne laisse guère de choix.
Nu, il a froid dans le gel.
a rafraîchi le dénudé durant le gel
J'en sais un huitième,
Utile à prendre:
Quand la haine grandit
Dans le coeur des fils des chefs de guerre,
Ceux-ci j'use [les uns contre les autres] rapidement [à] en payer le prix. »

Il est assez classique d'associer le pouvoir des Nornes à Naudiz mais c'est l'ensemble du Futhark qui est associé aux Nornes dont l'importance et les pouvoirs sont peut-être un peu cachés face aux exploits d'Ódhinn ou de Thórr.
Ceci étant dit, il est clair que Naudiz est la rune des contraintes, de ce qui nous force à agir contre notre libre volonté, et les Nornes ont un aspect terrible qui s'accorde certainement avec Naudiz comme la rune des ‘terribles Nornes Mais, si elles vous laissent en vie, ces contraintes sont aussi une source de connaissance.
Comment connaîtrions-nous notre univers sans la contrainte incessamment ressentie de la pesanteur, ou sans la contrainte de la constance de la vitesse de la lumière, elle révélée par des expériences dues à d'astucieux physiciens ?
C'est ce qui explique que l'association du Futhark entier, en tant que source de connaissance, aux Nornes.
Il arrive même que ces Nornes soient souriantes, on les appelle alors des Dises, et nous verrons que la rune Pertho soulève cette aspect des Nornes.
Ainsi, Naudiz, rune de la nécessité et du destin, représente donc le pouvoir
des Nornes dans ce qu'il a de terrible. Elle nous rappelle que nous avons
des responsabilités et que c'est notre honneur de les assumer.
Nous venons de voir la rune Hagla, qui représente la naissance de l'Univers alors que visiblement Naudiz est associée à la fin de l'univers. Tous les deux sont des phénomènes naturels de première importance pour nous, mais ils nous dépassent complètement. L'humanité toute entière n'est qu'un minuscule point physiquement placé entre Hagla et Naudiz. Leur
disposition côte à côte dans le Futhark montre bien que, mystiquement,
rien n'existe entre ces deux runes, qu'elles englobent tout.



Isaz



« Nous l'appelons un large pont.
l'aveugle a besoin qu'on le guide.
[elle est] utile à secouer l'aveugle vers le bannissement.
Is [glace] est puissamment froide et bien glissante.
Elle luit comme le verre clair, tout comme les joyaux,
Un sol travaillé par le froid, beau à regarder. est l'écorce des rivières,
Et le toit de la vague,
Et le far [ou fár] des hommes feigr.
[glace] [sanglier, roi guerrier]
J'en sais un neuvième :
Si mon destin est de me dresser
Pour sauver mon transporteur sur le flot
Le vent je calme sur le courant
Et j'incite au sommeil la mer entière. »

Le tourbillon glacé qui a donné naissance à notre univers (Hagla), l'ultime
‘rafraîchissement' qui en marquera la fin (Naudiz) et le pont de glace qui
nous relie au monde des morts (Isaz) ne sont pas des joujoux. Ces trois
terribles runes nous indiquent sans ambiguïté notre minuscule place au seinde l'univers.
Bien entendu, il y a plus bêtise que méchanceté à jouer avec ces concepts grandioses, mais n'oubliez pas que l'enfant innocent qui joue avec un revolver chargé vous tuera aussi bien que le criminel endurci dont
vous vous méfiez tant.
Isaz est la rune de la glace, et les poèmes runiques la montrent comme
participant aussi bien à la création de l'univers qu'à sa destruction. Elle est
surtout le pont qui nous relie au monde des morts. Ces deux propriétés
décrivent ainsi une mort qui est plus un début qu'une fin. Entre Hagla et
Naudiz se déroule le cycle des vies et des morts qui nous emmène où ?



Jeran



« Jeran est un profit pour les humains.
Je reconnais que Fródhi fut généreux [ou rapide, ou plein d'énergie].
est est un profit
pour les humains,
Et un bon été ,
Et florissante [peut-être aussi ‘en parfaite santé'] récolte.
est une joie pour les hommes,
quand le dieu, saint roi des cieux, permet que la terre fournisse
brillamment aux riches et aux pauvres.
Je connais un dixième :
si je vois des (âmes de) sorcières
se balancer en l'air,
j'arrive ainsi à
ce que celles-ci, (âmes) égarées, voyagent (vers ou hors de)
les peaux qu'elles habitent,
les esprits qu'elles habitent. »

Nous vivons dans l'univers impitoyable des trois premières runes de cet
ætt, mais le temps qui passe apporte aussi des saisons d'abondance et
corrige le fonds de désespoir sur lequel notre univers est bâti.
Jeran est la rune qui fait le lien entre l'inexorable passage du temps –
depuis Hagla jusqu'à Naudiz – et les humains et ce lien est là pour nous réchauffer le coeur, malgré tout. Freyr fait partie de cette grande trinité divine de la fertilité constituée par Njördhr, Freyja et Freyr et il semble que son rôle spécifique, dans cette trinité, soit justement d'exalter, comme Jeran, la miraculeuse abondance des récoltes de l'année. Ódhinn suggère que la magie de Freyr soit imprégnée de féminité et qu'elle repose sur des qualités de coeur plutôt que sur celles d'intellect.
Dans la magie, intellect et dynamisme sont évidemment intriqués, mais Ódhinn souligne la nécessité pour les magiciens hommes de ne pas oublier leur féminité (hum ... dans le contexte actuel, il n'est
peut-être pas mauvais que certaines femmes s'en souviennent aussi), ni
d'oublier ces qualités de coeur durant l'apprentissage et la pratique de la
magie.
Enfin, du point de vue chamanique, elle est la rune qui aide à sortir de son
corps, puis à y revenir harmonieusement. Sortir de son corps n'est pas sans
danger et la schizophrénie guette les chamans trop ‘consciencieux'. Jeran
vous aidera à vous livrer sans réserve à l'acceptation d'un ou plusieurs
‘autres vous-mêmes' sans que vous n'en reveniez idiot.















































Ihwaz ou Iwaz


« iwaz est l'arbre le plus vert en hiver;
il prend soin provoquer des brûlures, qui (quand) il brûle.
il est avide de provoquer des brûlures et se consume (entièrement).
If est un arbre à l'extérieur rude,
dur et ferme dans le sol, un berger de la flamme,
ses racines sous le tronc, une joie sur sa terre natale.
Frêne (ou lance) est haut, aimé dupeuple,
fort de son support; il tient en place justement,
bien que de nombreux humains l'attaquent. »

Ihwaz, rune de l'if est la rune d'Yggdrasil, celle de la solidité masculine, de
la force dont on peut dépendre, et de l'amour conjugal toujours renaissant.
Cette solidité masculine, symbolisée par l'if, contient en elle une féminité
dissimulée, comme les baies de l'if se manifestent discrètement en
automne. Symétriquement, la rune suivante, Pertho, qui illustre la féminité,
contient de discrètes allusions à une sorte de force virile des femmes.
Lancelot a tué l'homme de l'if, Iweret, et l'if lui-même, en tant qu'arbre puissant, a été éradiqué de nos esprits.
L'homme, en dérobant son pouvoir magique à la femme, puis, de nos jours,
en niant l'existence d'un pouvoir magique, peut se passer d'une maîtresse
femme à qui il doit faire tourner la tête. Il y gagne une grande
indépendance et, d'if majestueux et puissant, il devient comme les ifs de
bordure de cimetière, tout rabougri.













Pertho



« Les runes du rocher [habituellement : ‘runes de l'aide pour accoucher']
tu dois connaître
si tu veux aider
et relâcher [ou libérer] la lignée familiale hors des femmes
dans la paume elles seront gravées
et prendre dans ses mains l'articulation
Et attendre [ou supporter] alors (que) les dises aident.
peorð est jour de fête,
jeu et tirage par lots,
pour les splendides [ou les fiers] combattants assis dans le hall à bière tous
ensemble joyeux.
Pour les fières femmes assises
Pleines de bonheur ensemble dans la salle d'accouchement »

Il aura fallu décrypter un grand nombre de messages cachés dans les
textes et dans le folklore pour comprendre que Pertho est la rune de la fête
des Mères (pas celle instaurée par le régime néo-nazi de Vichy que l'on
fête de nos jours !), de la fête de Dises, juste avant Yule, alors que les
déesses mères rejoignent leurs consoeurs dans leur hall de magie afin d'y
donner une fête. Elles partent le lendemain et commence alors le cycle des
douze jours, comme les ethnologues le nomment si bien, pendant lesquels
l'humanité est censée s'ouvrir à l'inspiration religieuse, à l'ivresse mystique
– quitte à abuser parfois des drogues socialement admises, mais
certainement pas tous les jours. Cette ivresse mystique est reflétée par
l'ivresse de la nature qui vit sa ‘chasse sauvage' en laissant le vent hurler
dans les forêts.
Le douleur exprimée par :« de gaue fra ist nu al dot! » et « nú eru dauðar
allar dísir! » est sans doute le reflet d'un profond manque provoqué par la
quasi disparition de cette Nuit des Mères de sorte que les Dises ne nous
visitent plus, et par la déchéance des douze jours de folie mystique.
Pertho, rune des Dises et de Frigg, symbolise la maternité, le dévouement à ses enfants, et la magie chthonienne des mères primitives souvent illustrés par les Dises. Par sa forme ouverte, je la vois bien symboliser la femme ‘ouverte' c'est-à-dire enceinte d'un enfant, mais aussi grosse de
connaissances.



Algiz




« Le renne (eolh = renne) des ajoncs (ou des roseaux – secgeard) demeure souvent dans les marais, croît dans l'eau;
il blesse cruellement, brûle d'ulcère le sang de tout héro qui le saisit »

Uruz est la rune maîtresse des runes de la médecine,
Kaunan est en rapport avec les maladies du corps, les fièvres physiques,
Pertho n'est pas réellement en rapport avec une maladie (accoucher
n'est pas une maladie !), et enfin qu'Algiz est la rune des maladies de
l'intellect. Celui qui est piqué par Algiz perd son intelligence mais, comme
d'habitude, Algiz possède symétriquement le rôle de protecteur de
l'intelligence. En fin de compte, que tant de bêtises aient été dites sur cette
rune est normal, qui s'y frotte s'y pique, comme nous le dit le poème
runique Anglo-saxon. M'y suis-je piqué moi-même ?
En tous cas, c'est la rune du chemin étroit qui sépare raison et déraison, un
chemin que chacun est bien obligé de parcourir. La société insulte ceux qui
s'en écartent. Ceux qui restent du côté de la raison pure sont bourgeois,
bonnet de nuit, arrivistes. Ceux qui passent du côté de la déraison sont de
pauvres fous, des imbéciles, des lunatiques. Ceux des mystiques, des
sorciers, des chamans qui ne sont pas des charlatans plongent dans la
déraison avec passion – ils se joignent à la chasse furieuse d'Ódhinn – mais
ils reviennent de cette passion pour se délecter aussi dans la plus glacée
des lucidités. Ils ont affiné leur sensibilité au point que la faible force du
roseau de l'élan soit suffisante pour les lancer d'un côté ou de l'autre du
chemin de la raison sans que cet eolhx secgeard ne frappe assez vite pour
que leur sang brûle d'ulcère.








Sowelo




« sowelo est le bouclier des nuages,
Et un halo resplendissant,
Et l'antique tristesse de la glace [íss est masculin, lisez ‘la tristesse du
glace'].
le roi, celui que la victoire suit
sigel (sigel = soleil ou signal ou sigle;sige = victoire) est jour de fête
et espoir pour les hommes qui partent sur le bain des poissons
jusqu'à ce que l'étalon des mers les ramène à terre
J'en sais un onzième :
Si je vais vers la bataille
Conduire des amis de longue date,
Sous les boucliers je m'en vais hurler
Encore ils avec puissance [avec ‘la force'] se déplacent
Sains et saufs vers la bataille,
Sains et saufs de la mêlée,
D'où qu'ils viennent, sains et saufs »

La féminité de la soleil est bien marquée par son lien avec la rune Fehu,
rune de la douceur féminine et ceci explique l'incompréhensible ‘Le loup
se nourrit dans la forêt' du poème runique norrois. Sowelo et Fehu sont
deux runes soeurs et toutes les deux sont marquées par leur pouvoir de
protection que nous avons vu abondamment illustré dans la littérature
ancienne. Fehu symbolise plutôt la douceur féminine et Sowelo évidemment, la chaleur féminine.
Mais les mythes liés aux relations entre le loup monstrueux et la soleil
nous préviennent. L'univers est organisé selon un ordre qui doit rester
immuable, et c'est pendant la nuit que loup et soleil peuvent s'aimer tout
leur saoul. Pendant le jour, il doit la poursuivre et elle ne doit pas se
détourner de sa trajectoire sous peine de mettre en péril l'ordre du monde.
Si cela arrive, alors les humains doivent intervenir pour rétablir le bon
ordonnancement des choses.
De façon un peu négative, il faut tout de même insister sur le fait qu'à part
une mauvaise astuce en Vieil Anglais, la confusion de sigel (un mot rare
signifiant soleil, Norrois sól, un mot féminin) et de sige (un mot très
courant signifiant victoire – ce qui explique la force linguistique de sige,
mais Norrois sigr, un mot masculin), absolument rien ne relie Sowelo au
concept de victoire


La troisième famille (ætt) de runes :L'ætt de Týr et de la stabilité du clan

Nous avons vu que le premier ætt est dédié à notre monde, et aux
relations entre les humains et ce monde. Le deuxième ætt ‘élargit la
perspective' en traitant des problèmes cosmiques, de l'univers entier, et
de notre place au sein de l'univers. Le troisième ætt, inversement,
‘rétrécit la perspective' en introduisant les concepts nécessaires à la
caractérisation d'une bonne conduite sociale, à la vie du groupe social.
Ainsi, le troisième ætt est celui des problèmes liés à l'organisation
du clan, du groupe social. Le Dieu Týr, en acceptant de sacrifier sa
main pour le bien-être du groupe des Ases, et en étant le seul à accepter
ce sacrifice, est le symbole principal du héros clanique, et la première
rune de cet ætt porte son nom.
Tiwaz : rune du Dieu Týr, de la fidélité à la parole donnée, de la victoire
intelligente qui réunit le clan. Rune symbole de l'unité d'un groupe humain.
Berkanan : rune de l'enfance en pleine santé dont la croissance annonce
des jours meilleurs.
Ehwaz : rune du cheval. Avec Fehu, rune primordiale de protection. Rune
des liens entre le clan et les forces ‘obscures'. Contrairement à une légende
tenace, elle supprime nos cauchemars.
Mannaz : rune de l'humain et du passage de l'individu au groupe. Elle
définit l'humanité.
Laukaz : rune de sens discuté, rune de l'eau ou rune du poireau? En tous
cas, rune de la force interne, de la ‘viridité'. Rune d'un Dieu Thórr
‘primitif', Dieu de l'orage et de la force interne.
Ingwaz : rune du roi en tant que créateur d'une communauté. Rune de
l'équilibre dans l'abondance. C'est la rune qui explique au clan, s'il doit
croître, comment le faire dans le respect de son environnement humain et
naturel.
Dagaz : rune du jour et de la reconstitution journalière de la communauté
après l'individualisme du sommeil. Rune qui pétrifie les monstres.
Othala : rune du lien avec les ancêtres, de nos héritages.

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Tiwaz


« Tiwaz est l'Ase manchot.
Souvent le forgeron est obligé de souffler.
C 'est l'Ase [áss] qui n'a qu'un bras,
Et ce qui a été laissé par le loup,
Et le prince des temples
Týr est un des signes, il garde bien sa
promesse [ou il contrôle bien l'arbre], avec les nobles et existe dans le
voyage, au-dessus de l'obscurité de la nuit, ne faillit jamais.
Ce que je connais (comme) douzième,
si je vois à l'arbre accroché
balancer un cadavre de pendu :
alors je grave
et dans les runes je saisis [ou je peins]
pour que soit capable de marcher l'homme
et que tu parles avec moi [ou (qu'il soit) une mesure avec moi] »

Tiwaz est la rune de Týr. Elle porte en elle les qualités attribuées à ce Dieu.
En particulier, on peut compter sur lui, il est capable de sacrifices pour
protéger son groupe, il n'est pas du genre à fuir devant l'ennemi et, en ceci,
il contribue largement à la victoire de son groupe et ainsi, à la création du
tissu social grâce auquel la vie en groupe est possible. Cependant, il
rappelle que toute victoire a son prix et qu'il faut savoir accepter de le
payer. Toute victoire est aussi le résultat de deux qualités rarement
présentes simultanément à un degré élevé, sagesse et courage.
Il est aussi nécessaire de s'être donné les moyens de la victoire et dans le
monde viking, le forgeron est évidemment un élément de ces moyens. Si
on ne regarde pas tout texte avec l'oeil myope du pur rationaliste, les soufflets du forgeron soufflent aussi une magie mystique sur les
instruments de la victoire. Les forgerons ont cessé de fabriquer des épées
mais le besoin d'un souffle mystique de la victoire, même s'il n'est pas
toujours suffisant, est encore nécessaire et l'a toujours été. Les plus grandes
civilisations semblent s'être effondrées comme des châteaux de cartes
comme si elles étaient rongées de l'intérieur par ce manque de souffle.
Tiwaz est la rune qui peut aider à enrayer ce genre de catastrophe. Au plan
individuel, elle est là pour aider ceux qui manquent de cette force
intérieure qui nous fait aller de l'avant.
Dans son rôle de Dieu des pendus, Ódhinn rajoute la composante un peu
inattendue de défiance face aux pouvoirs en place. En réalité, l'importance
de Tiwaz me semble alors décuplée par la vision que Ódhinn a de cette
rune. Alors que tout ce que nous venons de dire s'applique fort bien à un
état autoritaire ou même fasciste, Ódhinn, en Dieu supérieurement
intelligent qu'il est, raffine encore la notion de victoire. Certes, discipline et sacrifices sont nécessaires à la victoire, mais elle ne durera que peu de
temps si une contre-force ne s'exerce pas sur les chefs de guerre, s'ils ne
sont pas constamment confrontés à la réalité de leur humble condition
humaine. Le pire ennemi de la victoire c'est encore l'imbécile suffisance du
victorieux, c'est ce que Ódhinn rappelle aux petits et aux grands chefs qui,
comme dans le Dit de Grímnir, trébuchent et se tuent sur leur propre épée




Berkanan


« Berkanan est le plus vert feuillage des fagots [ou des feuillages, ou des
branchages];
Loki porta le temps [ou le temps opportun] des impostures [ou des
faussetés].
Loki a bien réussi àtromper son monde.
C'est une branche qui exhibe des feuilles,
Et un petit arbre,
Et une forêt de jeunes pousses réunies.
beorc (bouleau) n'a pas de surgeons;
de fait il porte des branches sans fruits;
des rameaux radieux, il porte haut sa couronne,
chargé de feuilles, il s'élève au ciel.
J'en sais un treizième :
si je vais le jeune serviteur libre [l'enfant d'un homme libre, le
jeune homme]
arroser par l'eau
il ne désire pas tomber,
bien qu'il vienne au travers de l'armée:
cet homme ne faillit pas face aux épées. »

Berkanan, comme son nom l'indique est bien entendu la rune du bouleau.
Reste à voir quels symboles s'attachaient, le plus vraisemblablement
possible, au bouleau.
C'est un symbole de fertilité qui a été classiquement associé à la féminité.
Cependant, l'étude des poèmes runiques nous a montré que la rune
Berkanan symbolise plutôt une fertilité à venir qu'une fertilité accomplie :
si on ne considère que la féminité, elle représente alors la beauté élégante
et fine, la fragilité gracieuse de la petite fille dans laquelle la fertilité est
encore en devenir. Rien dans les poèmes runiques ne permet de croire que
seules les petites filles soient concernées, ils font ainsi de Berkanan la rune
de l'enfance, gracile mais déjà résistante, et surtout porteuse de l'espoir de
la génération à venir.
La fertilité évoquée s'oppose à celle de l'if dont les multiples surgeons, la
robustesse, le solide enracinement en font un symbole de fertilité massive,
associée à la terre, une fertilité chtonienne en quelque sorte. La fertilité
évoquée par le bouleau est de toute autre sorte. C'est celle du foisonnement
des multiples pousses. Chaque pousse est distincte de ses compagnes, et
leur force est dans l'effet de foule qu'elles produisent. Chaque pousse est
fine et s'élève vers le ciel, évoquant une fertilité associée au ciel qui oublie
un peu ses racines.
La treizième strophe du Ljóðatal nous décrit hélas trop brièvement
comment la magie de Berkanan pouvait être utilisée pour aider un jeune
guerrier. Il est jeune (c'est un ungan), il est encore un peu fragile et risque
de se lancer imprudemment sur l'ennemi. Il a donc besoin de protection. La
magie de protection recommandée par Ódhinn est celle de l'eau,
certainement différente de la lustration effectuée sur le bébé, mais dont
nous ne connaissons plus ni les principes ni les détails d'exécution.
Le rôle de Berkanan dans la cohésion du clan est celui de la jeunesse
porteuse des espoirs du clan, mais porteuse aussi de toutes les
transformations, certaines pouvant être douloureuses, nécessaires à la
survie du clan.















Ehwaz

« Ehwaz est pour les princes et la joie des nobles;
le cheval de bataille arrogant dans le hall,
où les riches héros sur les chevaux échangent leur éloquence;
et il se montre toujours un refuge à ceux qui ne restent pas tranquilles »

L'aspect féminin de la chevaucheuse est illustré très souvent par la
‘mauvaise' Mara, un esprit destructeur que les sorcières semblent pouvoir
habiter. Ceci nous permet de complètement clore le cycle des forces
féminines représentées dans les runes : Fehu est la force de la douceur,
Uruz la force d'une forme de brutalité semblable à celle des forces de la
nature, et ‘la' soleil, Sowelo, est chargée de maintenir l'équilibre du
monde. Mais Ehwaz n'est pas la Mara chevaucheuse exerçant son pouvoir
lorsque la féminité cherche vengeance. En effet, chevaucheur n'est pas
chevauché, et Ehwaz est la rune du cheval, de celui ou celle qui est
chevauché(e), donc elle n'est pas la rune de la Mara. C'est par un tour de
passe-passe étymologique qu'on a pu inventer cette fable. On comprend
bien pourquoi les sorcières chevauchant leur balai ont été facilement
diabolisées par les Églises chrétiennes parce que la Mara était déjà
connue des païens comme un esprit féminin mauvais.
Le cheval, la jument et donc Ehwaz sont constamment présentés sous un
jour positif dans les légendes, y compris celle de Riannon qui est à la fois
chevaucheuse et chevauchée, un cas unique dans les mythes reliés au
cheval. En tous cas, le cheval est là pour protéger et rétablir le bon droit.
Le cheval est le ciment qui crée la communauté au sein des groupes de
cavaliers et bien entendu au sein de groupes guerriers.
Dans la tradition chamanique de la Sibérie centrale, les chamans et les
chamanes parcourent souvent le monde des Esprits sur leur cheval. Il
existe même une légende sibérienne parlant d'une chamane qui avait,
comme Ódhinn, un cheval à huit pattes : Ehwaz est la rune qui permet de pratiquer le voyage chamanique tout en étant protégé des
Esprits agressifs.
Qu'elle représente le cheval ou la jument, qu'elle s'adresse aux hommes ou
aux femmes, Ehwaz présente donc trois caractères principaux. Elle
protège et rétablit le bon droit, elle sert à conforter les liens au sein d'une
communauté, elle aide à effectuer le voyage chamanique.



Mannaz


« Mannaz c'est encore plus de terres [ou d'humus].
Le faucon saisit largement.
C 'est le plaisir de l'humain,
et encore plus de terres
et celui qui décore les navires 
Jeune étais-je autrefois,
Je parcourais seul mon chemin
j'en devins sauvage ;
riches nous nous sommes pensés,
quand je trouvais un autre ;
L'humain est le plaisir de l'humain
man (l'humain) est
plaisir des ses parents bien-aimés ;
cependant il devra trahir chacun, quand le seigneur fera jugement de
confier la chair misérable à la terre.
J'en sais un quatorzième,
si je vais à (ou de) la foule des guerriers
raconter devant [ou convaincre] les Dieux :
des Ases et des Elfes,
je peux tous les analyser [ou comprendre ou les séparer] ;
Bien peu sait l'imbécile
Le tison enflamme le tison
Avant qu'il ne se consume ;
La flamme attise la flamme ;
L'humain reconnaît l'humain
Par ses paroles, par sa voix.
Mais il reconnaît l'envieux,
Par la suffisance de ses paroles.»

Mannaz est la rune de l'humain et surtout de l'humanité.
En opposition avec toutes les opinions racistes, appartiennent à l'humanité
tous les individus qui acceptent de communiquer avec leurs semblables,
qui prennent plaisir à cette communication. Personne n'est exclu du statut
d'humain véritable, mais certains peuvent s'exclure d'eux-mêmes de
l'humanité quand ils choisissent de mépriser les autres. En quelque sorte,
Mannaz déclare que les véritables Untermensch (les ‘sous-hommes') sont
ceux qui se prennent pour des Übermensch (les ‘sur-hommes').
les imbéciles, par ailleurs abondamment moqués dans le Dit Hár, ne sont absolument pas exclus de l'humanité. C'est l'arrogance qui exclut, non le déficit intellectuel. Cela en dit long sur l'usage qui doit être fait de la rune
Mannaz : toute utilisation faite sans une profonde humilité consiste en une
sorte d'auto-malédiction de l'utilisateur.
En opposition avec la rune Wunjo qui représente les plaisirs sensuels,
éventuellement pris aux dépens d'un autre humain, le plaisir éprouvé par
deux humains qui se rencontrent sous le signe de Mannaz évoque plutôt le
plaisir de la communication, du partage, que leur relation soit amoureuse
ou non. En shiatsu, on nous recommande de fournir à notre patient un
‘amour universel' qui est bien symbolisé par Mannaz : le patient ne doit plus se sentir comme un être marqué, à l'écart à cause de sa maladie, mais
il doit sentir qu'il rencontre un autre humain qui l'apprécie en tant
qu'humain.
En opposition avec nos croyances modernes, la mort ne nous exclut pas
immédiatement de l'humanité. Il nous reste encore à honorer la parole
donnée de notre vivant. Cela paraît absurde dans notre conception d'un
temps découpable en petits morceaux. Cependant, souvenez-vous de la
rune Naudiz qui nous apprend que ce que nous appelons le ‘futur' est
totalement contenu dans ce que nous appelons le ‘passé'. L'humain est
responsable de son ‘futur' et la mort ne change rien à cela. En termes
modernes : à chacun de prévoir ce qui peut lui arriver y compris après sa
mort afin qu'il ne trahisse jamais ceux à qui il a prêté serment – même
après sa mort.
Ce sont bien les Dieux ases qui ont apporté aux humains leur destin, leur
force, le souffle, les sens et la couleur de vie. Mais les poèmes runiques et
la Völuspá nous portent croire qu'il existe une version différente de celle
classique quant à la création des humains dont les corps seraient issus
d'arbres trouvés sur une plage. La Völuspá précise que des Nains ont
façonné des corps humains à partir de terre. Je n'insisterais pas autant si
cela ne m'avait pas conduit à comprendre le poème runique norvégien
comme une description de la destinée de l'homme : nous sommes façonnés
à partir de la terre et, à notre mort, nous ne retournerons pas à la terre,
comme les chrétiens le disent tant, mais ceux qui le méritent seront
emportés vers les halls de Freyja ou d'Ódhinn, emportés dans la « large
serre du faucon » d'Ódhinn. Ce poème runique nous indique que Mannaz
est la rune qui doit nous inspirer pour mériter cet honneur


Laguz

« Laguz est une eau bouillante [ou grouillante]
Et une grande bouilloire [ou. une cuvette],
Et le terrain des glömmungr [une sorte de poisson].
Laguz semble interminable aux hommes,
S'ils sont obligés de s'aventurer sur un vaisseau secoué,
Et la houle marine les terrifie excessivement,
Et l'étalon de mer ne répond plus à la bride.
J'en sais un treizième :
si je vais le jeune serviteur libre [l'enfant d'un homme libre, le
jeune homme]
arroser par l'eau,
il ne désire pas tomber,
bien qu'il vienne au travers de l'armée:
cet homme ne faillit pas face aux épées.
J'en sais un quinzième
que hurla le nain Thjódhreyrir
devant les portes de Dellingr [le père du soleil]
la force il hurla au Ases,
aux Alfes la gloire,
la pensée à Hróptatýr »

Laukaz est la rune de cette force interne dont Hildegarde de Bingen dit
qu'elle fait monter la sève dans les arbres et qu'elle appelle laviridité. En
tant que rune Laukaz, elle signifie ‘poireau', laukr en Vieux Norrois. En
tant que runes Lögr (Vieux Norrois) ou Lagu (Vieil Anglais), elle signifie
‘eau'. Dans tous les cas, c'est en tant que symboles de force interne, de
viridité, que ces noms sont utilisés.
L'eau, utilisée pour la lustration des bébés permet aux parents de
proclamer qu'ils les ont acceptés dans la famille. Utilisée par Ódhinn sur
un jeune homme, elle lui donne la vivacité qui lui permet d'échapper aux
coups.
Le poireau est utilisé dans les boissons pour détecter le poison qu'elles
peuvent contenir et, sur les bébés royaux, pour consacrer leur importance
à venir.
Ainsi l'eau et le laukr ont un rôle dans la consécration des individus et des
choses, tout comme Thórr utilise son marteau pour consacrer ce qu'il
touche. La force interne de Thórr se communique à ce qui est touché par
son marteau. Si l'objet ou l'individu touché est empoisonné, alors ils
explosent. Si l'objet ou l'individu touchés peuvent supporter ce surcroît de
viridité, alors ils en sont consacrés, reconnus bénéfiques. C'est pourquoi on peut voir en Laukaz la rune d'un Thórr ‘primitif', Dieu des orages, de l'union entre le feu, l'eau et l'air, une union qui fertilise la terre. Il est le Dieu de la viridité qui se manifeste dans le poireau de Laukaz et de laukr, dans l'eau jaillissante de Lögr et de Lagu.
Pour ce qui est des maladies, ni l'eau (lögr) ni le poireau (laukr) ne sont à
proprement parler un médicament. En fait, ils servent à donner la force de
résister à la maladie, c'est-à-dire à la prévenir.
En langage moderne, on dirait qu'ils élèvent le niveau de défense
immunitaire.
Au plan social, cette ‘élévation des défenses immunitaires' peut
évidemment être vécue comme un racisme accru, mais elle peut aussi être
comprise comme la capacité à absorber sans heurts – sans ‘en faire une
maladie' – les nouveaux venus

















Ingwaz

« Ingwaz fut proéminent parmi les Danois de l'Est,
Ainsi était-il vu, jusqu'à ce que, vers l'Est,
Il partit sur la vague, après son chariot (= suivi de son chariot);
Ainsi ces hommes fiers nommaient le héros. »


L'ensemble de textes qui décrivent Yngvi ou Ing montre que Ingwaz est
sans doute la rune de Njördhr.
C'est après une analyse un peu complexe de la personnalité de ‘Yngvi',
puis en le replaçant dans le contexte de son rôle social que nous avons été
capables de compléter l'attribut classique de Njördhr, qu'il peut accorder
« abondance de terres et de biens meubles ». Certes, il peut les apporter
mais, en comparant son rôle avec celui de Thórr et de Freyr, on comprend
qu'il apporte une abondance équilibrée, sans pillage ni meurtres. Chaque
gain accordé à l'un est bien évidemment pris au dépend d'un autre ou bien
en exploitant la Nature. Ce qui est pris au dépend d'un autre l'appauvrit
évidemment, mais peut se faire sans l'annihiler. Un mouvement de
balancier peut aussi rétablir l'équilibre en rendant aux fils ce qui a été pris aux pères. Cet équilibre dans l'attribution des richesses est exactement le rôle de Njördhr et sa rune est celle qui permet de déclencher une magie d'équilibrage si le besoin s'en fait sentir.










Dagaz

« Dagaz est envoyé par le
Seigneur, bien-aimé de l'humanité,
glorieuse lumière du créateur,
plaisir et espoir pour les riches et les pauvres, utile à tous »


La nuit qui règne dans un tombeau, dans la caverne de la géante, est
porteuse de terreurs à cause des tombeaux, à cause des monstres et non
pas à cause de l'obscurité elle-même.
Le jour qui se lève apporte bien entendu de la lumière, mais ce n'est pas
cette lumière qui cause la disparition des terreurs, c'est la magie que porte
le jour, en parallèle avec sa luminosité. La rune Dagaz n'est pas la rune de
la lumière mais de la magie qui permet de lutter contre les pouvoirs
magiques des trolls et le pouvoir de mort des morts-vivants.
Dans la mythologie nordique, le jour, Dagr est le fils de la géante nommée
Nótt (Nuit), et du Dieu Dellingr. La légende dit bien que Dagr est brillant
comme son père, à l'opposé de sa sombre mère, mais il ne règne aucune
animosité entre eux, ils ont simplement deux rôles différents. Au contraire,
cette filiation sous-entend que Dagr contient caché en lui l'héritage de sa
mère et qu'il n'est donc pas seulement un être lumineux. L'obscurité
apportée par sa mère, Nótt, peut être utilisée par des êtres malfaisants
dont nous devons nous défendre, mais Nótt, comme tous les phénomènes
naturels, est indifférente à notre survie, c'est à nous de savoir nous adapter et utiliser au mieux aussi bien Nótt que Dagr. Dans les deux exemples tirés du Chant de Helgi Hjörvardhsson et du Dit d'Alvíss, notez combien Helgi et Thórr sont habiles à amener leur ennemi en position de faiblesse. Ils utilisent Nótt, qui tend à nous faire oublier le passage du temps, pour retenir leurs ennemis afin qu'ils soient foudroyés par l'arrivée inattendue de Dagr.
Comme les autres runes, Dagaz ne peut pas être utilisée sans la placer
dans un contexte approprié : elle ne présente aucun pouvoir à elle seule,
même artistiquement tracée et imbibée de votre sang.
Son pouvoir tient dans les idées qu'elle représente et dans votre
compréhension de ces idées. Ensuite, après que vous ayez été capable de
saisir la portée de son sens, et alors seulement, elle peut vous apporter la
magie qu'elle contient. Si vous aimez la nuit, si vous n'avez guère envie
d'aller hanter les cimetières, Dagaz vous est inutile, sauf associé à d'autres runes. Si vous êtes accablés de cauchemars, si pour une raison quelconque vous vous sentez écrasé par une force monstrueuse, alors utilisez Dagaz pour d'abord ruser avec vos terreurs, pour les analyser, les faire se découvrir pleinement.
Au lever du jour, vous saurez alors les annihiler afin qu'elles ne reviennent pas vous hanter les nuits suivantes.
Le Hel des nordiques n'a rien à voir avec le Hell des anglophones, avec
l'enfer. Ce n'est pas du tout le séjour des damnés mais celui des âmes de
ceux qui ont été choisis ni par Freyja, ni par Ódhinn. Du fait que rien de
péjoratif ne s'y attache, l'usage par Helgi de ‘runes de Hel' ne doit pas être considéré comme une sorte d'appel au Démon. Au contraire, pour lutter contre les forces de mort, le chant des runes de Hel me semble justement devoir contenir la rune Dagaz, comme un appel à l'amour de la sombre Nótt pour son brillant fils. Dagaz pourrait bien être la rune de Hel, celle qui empêche les fantômes de revenir dans le monde des vivants. Elle est celle qui accomplit le travail chamanique par excellence : protéger la vie du clan d'un retour éventuel des morts.















Othala

« Othala est aimé(e) de tout homme,
si l'assemblée est en cet endroit,
et qu'il profite justement et souvent en sa douce maison de ce qui est
convenable. »

Othala est la rune de la propriété familiale, et des liens avec les ancêtres,
de notre héritage génétique. Le poème eddique Skirnisför,, insiste précisément sur l'importance de cet aspect génétique.
Nous héritons de mille choses de la part de nos ancêtres, quel est donc
l'héritage magique représenté par la rune Othala ? Pour le savoir il suffit
de lire attentivement le seul témoignage ancien que nous ayons du sens de
cette rune, le poème runique anglo-saxon. Sous une forme anodine, il nous
affirme trois choses fondamentales, deux explicitement, une implicitement.
La première chose explicite est que notre héritage ancestral le plus
précieux est la liberté, la recherche entêtée de la liberté. Que ce soit la
force de la tyrannie ou la persuasion de la publicité, tout ce qui entrave
notre liberté tue la magie en nous. Et encore il faut distinguer : le juif jeté
à Dachau par les nazis est encore ‘fey', il a la magie de ceux qui vont
mourir. Il n'a pas du tout, comme disent les chrétien, « vendu son âme au
diable ». Par contre, le pauvre type abruti de télé et de bière est déjà un
mort vivant réellement privé d'âme. C'est ce que signifie, au fond, « pays
natal est aimé de tout homme, si l'assemblée est en cet endroit ».
La seconde chose explicite est que chaque humain a un droit absolu à
profiter de sa vie, pourvu qu'il n'embête pas trop ses voisins. Il n'y a pas de péché originel qui nous condamne à nous sentir coupable de chacun des petits plaisirs de la vie. Il n'y a pas de censeur qui contrôle chacune de nos actions intimes.
Il n'y a pas de Dieu imbécile qui s'intéresse à ce que nous
fassions l'amour par devant ou par derrière. Il n'y a pas de Diable crétin
qui cherche à nous voler une âme dont il n'a strictement rien à faire. C'est
ce que signifie, au fond, « qu'il profite justement et souvent en sa douce
maison de ce qui est convenable. »
La chose implicite, c'est que Ethel est une rune porteuse de magie, notre
héritage ancestral c'est la magie. C'est la reconnaissance que, même dans
les pires humains, la rationalité est toujours teintée, peu ou prou,
d'irrationnel. Le plus sauvage des industriels est sensible à au moins un
sentiment irrationnel. Que ce soit le désir de laisser quelque chose après
sa mort, un petit sentiment de vide en contemplant la souche d'un
gigantesque chêne, ou tout simplement la trouille panique de mourir, tout
cela tient de l'irrationnel, de la magie.
Othala est ainsi la rune de notre héritage ancestral, la magie. Elle
complète et unifie l'ensemble du Futhark à 24 runes, celui qui nous a
intéressés ici.
Classification des Runes

Voici une classification des runes effectue selon leur symbolique et utilisation ésotérique selon les textes An

Lord Aragons Vassago
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